Yangon, dernière étape avant le retour en France

Après un trajet difficile depuis Inle, nous arrivons enfin à Hpa-An. La ville ne fait pas partie des hauts-lieux touristiques de Birmanie mais les visites à faire autour sont apparemment très belles: on peut se promener entre et sur les énormes rochers pour visiter les temples, grottes et rivières.

En arrivant, gros coup de fatigue pour moi. Je reste au lit toute la journée. Le soir un peu d'énergie nous permet d'aller manger avec Lila et Julie, deux amies également en voyage en Asie en ce moment.

Le lendemain, le coup de fatigue s'est empiré: grosse fièvre, nausées, mal partout, etc. Accompagné et soutenu par Camille, je rampe jusqu'à l’hôpital provincial de l'Etat de Kayin. Le bâtiment parait vétuste et un peu bordélique, mais incroyablement efficace. En deux minutes montre en main je suis face à un médecin qui parle anglais. Elle commande à ses infirmières des tests médicaux (vu toute l'équipe que j'avais pour moi je doute qu'elles voient passer beaucoup de blanc par ici). Après le départ de l'occupant anglais, les birmans ont conservé toutes leurs unités de mesure pourries: ma température est prise en Fahrenheit, ma pression sanguine en "pound per squared inch", etc... le seul truc qu'on comprend c'est les battements cardiaques par minute (84 au lieu de 52 d'habitude...). Une petite prise de sang plus tard dans un couloir entre les lits de camps, le médecin m'annonce être certain d'avoir affaire à une infection virale. Avec de très fortes chances que ça soit une des trois maladies suivantes: fièvre typhoïde, dengue, ou malaria (paludisme). Bref, revenez dans 4 heures...

Finalement l'heureux gagnant est... la dengue! C'est-à-dire à peu près ce que j'espérais vu les autres saloperie qu'il y avait au menu. Donc je repars avec antibiotiques sous le bras et la consigne de rester au lit.

La seule chose qu'on visitera à Hpa-An sera donc le coucher de soleil sur la rivière depuis la pagode à 200 mètres de notre hôtel.

Du coup, on annule également notre visite suivante à Mawlamyine pour filer directement à Yangon, où on prend notre avion 4 jours plus tard pour rentrer.

Yangon (ou Rangoon en français) est la ville la plus peuplée, la plus dynamique et la plus riche économiquement et culturellement du pays. Pourtant ça n'est pas la capitale.

La capitale du Myanmar est en effet Naypyidaw, soit le plus gros délire de l'histoire de la construction humaine: avant l'arrivée de la démocratie dans le pays en 2012, la junte militaire à fait sortir de nulle part une ville flambant neuve en 2005 conçue pour faire face à la guerre. Les gigantesques autoroutes sont prévue pour faire atterrir des avions bombardiers, le général de l'époque adepte de l'astrologie aurait changé la capitale pour "éviter une fin proche".

Aujourd'hui, la ville fait plus de 7 000km² soit trois fois plus que Paris et sa banlieue réunie, mais ne compte à priori qu'à peine 100 000 habitants... Le recensement officiel annonce un million de personnes mais les journalistes étrangers sur place ne croise que les fonctionnaires et les balayeurs de rues. Parfois, sur les autoroutes à 10 voies, on peut croiser un berger avec son bétail... tout seul...

En 2006, un émissaire américain disait: "l'agencement et la dimension de la ville n'ont absolument aucun sens, mais le déplacement de la capitale à la place d'une forêt au milieu de rien n'en avait pas non plus."

Il y a des photos et quelques vidéos sur internet, c'est très bizarre.

Bref, nous sortons quelques minutes/heures pour visiter Yangon.

Un petit train fait le tour de la ville en passant par les champs et les quartiers reculés de la ville pour la modique somme de 15 centimes.

Puis Camille part en exploration de la ville pendant que je me repose les jours suivants.

La ville est très vivante, on trouve beaucoup de marchés de rues et de petites boutiques.

Le dernier jour, au lieu d'être écrasé au fond du lit, j'ai des picotements partout. Pendant toute la nuit j'ai eu l'impression que quelqu'un me chatouillait en continu donc impossible de dormir, mais nous partons profiter du beau temps en visitant la pagode de Shwedagon.

Camille est trop dévergondée pour rentrer, on lui prête une toge!

Cette pagode est considérée comme l'un des monuments majeurs du Bouddhisme d'Asie du sud est. Construit au 18ème siècle, ce lieu de pèlerinage est en faite une concentration de nombreux temples et lieux de culte autour de la pagode principale. Sur celle-ci, qui fait 100 mètres de haut - entièrement recouverte d'or - on trouve un "chapeau" avec 5450 diamants, 2300 rubis, des saphirs, et plus de 1000 cloches en or. Le sommet est un diamant de 76 carats. Les autres parties sont également hyper luxueuses.

la dernière photo de nos 1,5 ans de voyage sera donc Camille en toge.

Le Myanmar est un pays très jeune, on a eu de la chance de le visiter alors que le tourisme n'est pas encore très présent. On a pu rencontrer des gens vraiment différents voire complètement innocents. Par exemple lors de notre trek vers le lac, les villageois étaient surpris de nous voir ici loin de chez nous:

- "si vous aimez bien marcher, pourquoi ne faites-vous pas 200 fois le tour de votre maison au lieu de dépenser votre argent pour venir ici?"

- "C'est pour rencontrer des gens différents, et des paysages différents"

- "Comment ça des paysages différents? Le monde entier n'est pas comme ça?"

Beaucoup de sites touristiques sont en train de se structurer, aujourd'hui beaucoup de choses sont gratuites sans raison. Le pays aura surement vite changé d'ici 10 ans.

Ce soir nous prenons l'avion direction l'hiver français. Après cyclones, tremblement de terre, typhon, éruption volcanique, dengue, tourista, requins, raies, baleines, tortues, serpents, murènes, éléphants, tarentules, singes, et autres poissons volants, nous rentrons chez nous.

Nous n'oublierons pas les belles rencontres faites en chemin, l'énergie et la richesse culturelle des peuples asiatiques, et surtout l'incroyable douceur de la vie des îles du Pacifique.

Concernant ce blog, nous avons eu presque 5 000 visiteurs différents en un an et demi, sans l'avoir diffusé nulle part. En plus des amis et de la famille, c'était beaucoup d'autres voyageurs qui nous posaient des questions sur telle ou telle visite à faire ou pas, et comment. Une fois, un scientifique nous a même contacté à propos de nos photos de certaines plages pour son étude de la prolifération des algues toxiques.

On espère que ça aura donné envie de voyager à certains. Par exemple, la Thaïlande est une première destination facile: il y a plein de choses à faire, tout est bien organisé et pas cher, la nourriture est excellente et les gens parlent très bien anglais. Au niveau matériel, rien n'est vraiment indispensable et le plus dur sera de se créer un itinéraire. On déconseille par contre fortement les guides touristiques Lonely planet (et parfois routard) qui sont souvent truffés de conneries: préférer les avis sur internet et surtout les conseils des auberges et des locaux.

La principale leçon est que rien ne peut vraiment mal se passer lorsqu'on voyage avec ouverture d'esprit, sourire, et respect.

Je termine ici avec un de mes proverbes préférés: "Faire le premier pas, c'est déjà faire la moitié du chemin".

Camille & Basile

Comments

[Claudie]

Merci encore de nous avoir fait partager votre belle aventure!
Vous m'avez fait voyager, rêver, avez souvent ensoleillé mes petits déjeuners.
Corail et Compagnie va me manquer!